[ANPPOM-Lista] université d’été franco-allemande à biarritz: musiques du monde, ontologies et taxinomies

Carlos Palombini cpalombini em gmail.com
Qua Abr 3 07:57:33 BRT 2013


Université d’été franco-allemande de l’UFA 2013

Biarritz, Pays Basque – France

1er – 7 Septembre 2013

QUE SONT LES MUSIQUES DU MONDE ?

ONTOLOGIES MUSICIENNES ET PROCEDURES TAXINOMIQUES

Prof. Dr. Denis Laborde (CNRS – EHESS, Centre Georg Simmel, Paris)

&

Prof. Dr. Raimund Vogels (Center for World Music, Hildesheim)

1. OBJECTIFS

Cette Université d’été est la quatrième que nous organisons avec l’appui de
l’Université
Franco-Allemande. Après trois éditions organisées par le Centre Marc Bloch
de Berlin, cette
Université d’été a lieu pour la première fois à Biarritz, dans le Pays
Basque de France. Elle est
consacrée à l’ontologie des musiques du monde et aux procédures
taxinomiques qui s’efforcent, dans
une grande cacophonie sémantique, de distinguer des « musiques du monde »
parmi d’autres qui,
elles, n’en seraient pas…

L’action musicienne sera la cible de notre attention. Toute séquence
musicale est en effet
produite par l’action des hommes. Ce sont ces pratiques qui font que de la
musique existe et, par
conséquent, qu’un secteur d’activités humaines nommé « musiques du monde »
existe dans le monde.
Ces pratiques sont à la fois ce que des hommes font et ce que d’autres (ou
les mêmes) disent de ce
qu’ils font : elles objectivent la musique. Il va de soi qu’une telle
approche pourrait s’appliquer à bien
autre chose qu’à la musique, et c’est ce qui fait sa richesse : elle permet
de désenclaver les études sur
la musique de l’isolement dans lequel elles se trouvent sur l’échiquier des
disciplines instituées.

Les pages somptueuses que l’ethnomusicologue Timothy Rice consacre à la
chanteuse bulgare
Todora Varimezova, qui improvise à l’envie des chansons en octosyllabes,
serviront de point de départ
à une réflexion sur la nature des musiques du monde (Rice, 1994). T. Rice
entendait percer le secret de
la fabrication de ces vers octosyllabiques que la chanteuse improvisait
sans peine, à la manière d’un
bertsulari basque. Il s’immisça dans le cours d’action et improvisa avec
elle. Il aperçut alors que T.
Varimezova ne chantait pas « avec des octosyllabes », mais « avec son cœur
». Jamais les octosyllabes
n’avaient été la cible de son attention : c’était une question pour
ethnomusicologue.... Voilà qui nous
renseigne sur le fait que le résultat d’une action musicienne est bien le
produit de pratiques
ontologiquement créatrices, et que ces ontologies sont subjectives. Tel est
le positionnement auquel
nous conduit une approche basée sur l’implication dans le cours d’action.

Il s’agit alors de promouvoir une démarche qui ne parte pas des catégories
instituées à partir
de quoi l’on irait examiner leur hypothétique traduction dans le réel.
C’est le contraire que nous
entendons faire émerger lors de cette Université d’été. En analysant la
créativité de l’action humaine
(Hans Joas, Die Kreativität des Handelns, 1992), nous tenterons de
desserrer notre approche de
l’emprise des modèles nomologiques et de placer l’observation de la
pratique au premier rang de nos
conduites d’observation. Cela implique de nous intéresser à ce qui fait
être la musique : qu’est-ce qui
fait être, ici, ou là, des pratiques musiciennes que le syntagme « musiques
du monde » permet de
désigner ? Et comment les opérations de désignation se déroulent-elles ?

A ce stade, nul ne peut faire l’économie d’une interrogation sur les
catégories des choses qui
nous entourent. Nous identifions des morceaux de musique, nous en parlons,
nous leur accordons un
mode d’existence et des propriétés : comment et pourquoi le faisons-nous ?
Au long de cette
Université d’été, ethomusicologues et philosophes interrogeront le mode
d’existence des œuvres
musicales et discuteront des modèles d’ontologie, selon que l’on considère
l’œuvre musicale : 1.
comme structure pure (idéale), dont les exécutions sont des instanciations
(platonisme musical) ; 2.
comme structure accompagnée de ses moyens d’exécution en contexte
(Levinson) ; 3. comme
occurrence d’un certain type (Zemach) ; 4. comme symbole dans un système
allographique
(Goodman) ; 5. comme substance artefactuelle dont le fonctionnement
esthétique détermine la nature
(Pouivet) ; 6. comme particulier historique (Rohrbaugh) ; 7. comme
événement (Currie, D. Davies).

Indépendamment de l’intérêt de ces modèles dans le cadre d’une ontologie de
l’art, on se
demandera lesquels sont les mieux adaptés à la compréhension des œuvres
effectives des musiques du
monde. La démarche ontologique peut être réformatrice, partant d’une
théorie ontologique, ou
descriptive, partant d’un examen des œuvres en usage et tâchant de «
bricoler » des ontologies
adéquates à leur analyse artistique. Mais, dans le monde des « musiques du
monde » (Becker, Les
Mondes de l’art), quel rapport les œuvres musicales entretiennent-elles
avec leurs interprétations ?
Quel est le statut de l’œuvre musicale estampillée « musique du monde » ?
Est-il différent su statut de
l’œuvre musicale estampillée « World Music », « musique savante » ou «
musique traditionnelle » ?

Cette problématique est au cœur de la réflexion actuelle en ontologie de
l’art, mais aussi en
ontologie des sciences sociales, où on la rencontre déclinée sur le mode de
l’enquête (P. Livet & R.
Ogien, 2001 ; Bruno Latour, 2012). Nous voulons ici présenter les enjeux
d’une collaboration entre
sciences sociales, musique et philosophie, une collaboration qui permette
d’éviter deux pièges : le
piège des excès d’une ontologie a priori et le piège d’une forme
d’empirisme qui ne permettrait pas de
saisir une possible spécificité ontologique de ce « monde des musiques du
monde » qui nous occupe.
Cette approche induit de notre part à tous un travail en réflexivité,
puisqu’ainsi comprise,
« l’ontologie est l’avers d’une pièce dont l’envers est la connaissance que
nous avons de notre
connaissance » (Frédéric Nef, 2009 :14).

2. CONTENUS

L’université d’été questionnera ces objets musicaux au statut incertain que
l’on range dans les
rubriques « musiques traditionnelles », « World Music » ou « musiques du
monde » en les comprenant
dans leur dynamique relationnelle. Les axes pédagogiques porteront : 1. sur
la nature et le mode
d’existence de ces formes musicales (ontologie) ; 2. sur les contextes de
création de ces formes
musicales et des attributions statutaires (axiologie) ; 3. sur la valeur de
ces formes musicales.

1. Les musiques du monde : une spécificité ontologique ?

Ces musiques que l’on range sous de telles rubriques sont-elles
justiciables d’une ontologie
distincte ? Ont-elles une spécificité ontologique ? Les appellations – «
musiques traditionnelles »,
« World Music » ou « musiques du monde » – renvoient-elles à un découpage
ontologique reposant
sur des distinctions réelles ou à des distinctions nominales,
conventionnelles voire arbitraires ?

2. Contextes de création et procédures taxinomiques

Comment caractériser l’expérience de ces formes musicales ? S’il est
possible de prêter des
caractéristiques communes aux conditions de présentification de ces
musiques dans les sociétés
occidentales, comment évaluer le changement de statut d’un rituel
bouddhique coréen Yeongsanjae,
par exemple, lorsqu’il devient une « musique du monde » dans un Festival
parisien ? Comment
appréhender la part qui revient aux compétences culturelles lorsque ce
rituel est exécuté devant un
public qui n’a pas accès aux compétences culturelles qui le fait exister
comme tel rituel dans sa société
d’origine ? De la réponse apportée à ces questions dépend la possibilité
d’une montée en généralité qui
permettrait d’appréhender (ou pas) « les musiques du monde » en général,
comme catégorie.

3. Musiques du monde, valeur et évaluation

Ici, il ne s’agit plus d’analyse musicale : il s’agit de questionner
l’évaluation des musiques du
monde à partir d’une prise en compte de la « valeur extrinsèque » qui leur
est attribuée. Deux axes
sont proposés : d’un point de vue cognitif, on propose des outils pour
examiner le rapport entre vérité
et authenticité musicale, du point de vue moral, on propose d’étudier les
implications éthiques des
musiques du monde « dans leur ensemble », c’est-à-dire comme catégorie
constituée dans des univers
de discours qui en font un moteur de l’existence humaine.

Certaines de ces questions restent méconnues ou peu développées (le statut
ontologique des
musiques du monde, la relation entre musique et éthique…), d’autres sont à
l’état d’esquisse (les
réflexions de Jerrold Levinson, Peter Kivy ou Stephen Davies sur la
contextualisation, qui laissent
place à des apories dont on ne peut se satisfaire), d’autres enfin sont
supposées, à tort, résolues (la
relation postulée entre musiques du monde et tolérance, l’exigence confuse
d’authenticité…). A ces
questions s’ajoutent celles issues de nos pratiques : les attentes
spécifiques à l’écoute de ces musiques,
le rôle ambivalent de l’enregistrement sonore, le rapport à
l’improvisation, à la notion d’auteur, etc.

Cette Université d’été voudrait révéler la richesse d’une réflexion qui
mette en évidence la
fertilité d’une investigation pluridisciplinaire construite à partir des
réflexions proposées par les
professeurs invités, et par des contributions les étudiants.

3. OUVRAGES CITES (dont la lecture est indispensable pour l’Université
d’été)

Bohlman, Philip, World Music: A Very Short Introduction, Oxford, Oxford
University Press, 2002.

Latour, Bruno, Enquête sur les modes d’existence. Une anthropologie des
Modernes, Editions La
Découverte, Paris, 2012.

Lenclud, Gérard, L’Universalisme ou le pari de la raison. Anthropologie,
histoire, psychologie, Hautes
Etudes, EHESS, Gallimard, Seuil, Paris, 2013.

Livet, Pierre & Ogien, Ruwen, L’enquête ontologique. Du mode d’existence
des objets sociaux,
Editions de l’Ecole des Hautes Etudes En Sciences Sociales, collections
Raisons Pratiques,
Paris, 2001.

Nef, Frédéric, Traité d’ontologie pour les non-philosophes (et les
philosophes), Paris, Editions
Gallimard, Collection Folio Essais, 2009.

Pouivet, Roger, L’ontologie de l’œuvre d’art, Editions Vrin, Paris, 2010
[2000].

Pouivet, Roger, Philosophie du rock: une ontologie des artefacts et des
enregistrements, Presses
Universitaires de France, coll. L’Interrogation philosophique, Paris, 2010.

Rice, Tim, May it Fill Your Soul. Experiencing Bulgarian Music, University
of Chicago Press, 1994.

4. FONCTIONNEMENT

Au moment de leur candidature, les candidats sont invités à présenter, à
partir de leurs travaux
personnels, un projet de texte (1 page). 22 candidatures seront retenues :
11 pour le Groupe A, 11 pour
le Groupe B. Chaque étudiant du groupe A devra composer un texte d’une
dizaine de pages qui sera
mis en ligne dans l’espace collaboratif du Centre Georg Simmel. Chaque
texte sera commenté par un
étudiant du groupe B pendant l’Université d’été. L’accent sera mis sur le
travail en équipes
interdisciplinaires selon un spectre le plus large possible (musique,
sciences sociales, histoire de l’art,
droit, philosophie, psychologie, histoire, géographie…).

5. CANDIDATURE

Le dossier de candidature doit comprendre : 1) un curriculum vitae ; 2) une
présentation du projet de
thèse ou des travaux de recherche (1 page) ; 3) une proposition
d’intervention en relation avec l’un des
thèmes exposés ci-dessus (1 page), en format .doc ou .rtf ou .pdf

La sélection des participants se fera sur la base de leur dossier de
candidature.

Le dossier de candidature est à envoyer à : dlaborde em msh-paris.fr

Date limite de réception des dossiers : 02 Mai 2013

Date de la notification d’acceptation : 15 Mai 2013

6. RESUME

Dates : Du lundi 1er au vendredi 6 septembre 2013. Arrivée le dimanche 31
août dans la soirée, départ
le samedi 7 septembre dans la journée. Chaque demi-journée se compose d’une
conférence par un
chercheur invité puis d’une présentation des travaux d’étudiants.

Public : L’Ecole d’été s’adresse à 22 doctorants ou post-doctorants de
toutes nationalités, de toutes les
disciplines des sciences humaines et sociales, travaillant ou non sur un
terrain français ou allemand.

Langues de travail : français, allemand, anglais.

Lieu : Domaine de Françon, 81 rue de Salon, 64200 Biarritz, Pays Basque,
France

Candidature : à envoyer par mail à dlaborde em msh-paris.fr

Date limite d’envoi du dossier de candidature : 03 Mai 2013

Date de la notification d’acceptation : 15 Mai 2013

Frais : Les frais d’hébergement, de repas et de voyage (train 2e classe ou
avion billet tarif réduit)
seront entièrement pris en charge par l’Université d’Eté.

Informations : dlaborde em msh-paris.fr ou raimund.vogels em hmt-hannover.de

cvp
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